L’agrégation de philosophie… mais pour enseigner quoi?

Philosophical teachingEtudier la philosophie? Mais pour faire quoi après? Quels sont les débouchés après la philo? Ça sert encore à quelque chose?

Ces questions on me les a sans cesse posées (et ca continue), mais jusqu’il y a peu, j’avais une réponse:

« Avec l’agrégation que j’ai entrepris, je trouverais certainement une place dans l’enseignement… »

Oui mais…pour enseigner quoi?

Bonne question! car ici, en Belgique, dans l’enseignement secondaire (12-18 ans), les « cours philosophiques » se limites généralement soit aux cours de religions (confessionnels) soit à ceux de morale (laïque). Exceptionnellement, hors du programme obligatoire, des cours à option de philo sont organisés, mais les écoles qui les dispensent sont rares et ne font pas partie du réseau dit de « l’enseignement officiel ».

Les deux plus important réseaux d’enseignement ont leurs spécificités héritées…
-Le réseau « libre » catholique (SEGEC) représente la majorité des écoles. Elles ne dispensent que des cours confessionels de religion catholique (et de façon anecdotique des cours de philo ou des cours de religion d’autres confessions);
-Dans l’enseignement « officiels » (de la Communauté française), les cours de religions (également confessionnels) sont organisés en fonction des élèves (cours de religion catholique, protestante, musulmanes etc…) ainsi que des cours de morale (dites laïque et « inspirée par l’esprit du libre examen », ça fait sourire, je sais).

On pourrait croire que ces histoires de réseaux ne sont qu’un héritage farfelu des anciens débats de société belge, mais ce n’est pas si simple… Et apparemment, un certain nombre de personne sfont tout pour que ça change le moins possible…

Après avoirs fait mes études de philosophie dans la plus grande université francophone du pays, l’Université Catholique de Louvain (UCL à Louvain-la-Neuve), bien qu’athée et philosophe de formation (et non théologien), il semble difficile pour moi d’enseigner dans un autre cadre que celui du réseau catholique, et donc pour des cours de religion confessionnel!

Bien qu’au courant des ces histoires de réseaux, j’étais loin de m’imaginer (comme la plupart des gens de ma génération) qu’aujourd’hui, dans un enseignement en crise où parait-il il manque des professeurs, le fait d’avoir choisi une certaine université, pour des raisons académiques et pragmatiques, me donnerait tant de fil à retordre. (D’ailleurs, pour information, à l’UCL, il n’y a que 2% des étudiants qui choisissent cette unif parce qu‘elle est catholique. On pourrait également s’interroger à savoir combien de parents choisissent encore une école sur des critères religieux plutôt que sur la réputation et la qualité de l’enseignement ou encore pour des raisons de facilité?)

Tout à commencé en première licence (2004-2005) lors de la recherche des mes premiers stages (d’observation) (j’ai partiellement intégré ma formation d’agrégé à mes licences). Après avoir contacté les écoles officielles de la région où je me suis vu fermé toute porte pour des motifs relativement vagues (trop de demande, pas de cours de philosophie…) jusqu’à ce qu’on dise que la raison réelle est liée à des « accords de coopération » ou des convention – intra réseaux).

Il s’agissait à ce comment de recherche de stages; autrement dit, même pour venir dans un école officielle quelques heures, pour des stages passifs d’observation, j’ai rencontré mes premières difficultés simplement du fait de provenir d’une université catholique.

Par ailleurs je me suis empressé de suivre le séminaire de « fondement de neutralité« , instauré par le décret de la CF sur la « neutralité », au terme duquel j’ai obtenu un certificat en bon et du forme, censé facilité la mobilité des enseignants (et futurs enseignants) entre les réseaux…Mais ça n’a pas changé grand chose.

L’année d’après, j’ai de nouveau contacté un série d’école officielle afin de réaliser mes stages dans celles-ci… impossible.

Serais-je destiné à enseigner la religion dans le cadre d’un cours confessionnel ? (Cela ne me poserais pas de problème d’enseigner dans le cadre d’un cours d’histoires des religions ou de philosophie bien sûr, mais cela n’est pas à l’ordre du jour en Belgique…)

La réponse est non. Pourquoi et quel est mon problème?

D’un point de vue d’honnêteté intellectuelle, je ne peux me résigner à enseigner dans le cadre de ce cours; de plus, n’étant pas croyant, je ne suis pas « moralement » qualifié pour enseigner la religion. Il faut également savoir que les autorités ecclésiastiques doivent encore aujourd’hui donner leur approbation (un « visa » comme ils disent) pour qu’un chef d’établissement nomme un professeur de religion, c’est-à-dire pour obtenir un contrat de travail indéterminé…

Et avec cela, si malgré tout j’acceptais ce poste, je devrais malgré tout suivre un complément de formation (et plus de la philo et de l’agrégation) pour que je sois « apte » à donner un cours de religion.

Pourquoi pas enseigner la morale? Le problème est tout aussi énorme. Provenant d’une université catholique, bien que l’objet de mes études soit porté autour de la Raison et non de la Foi, les chef d’établissement refusent obstinément que j’enseigne dans le cadre de cours de morale. Et on ne peut pas dire que l’ouverture soit plus grande dans ce sens (au contraire)!

Enfin, nous verrons bien à quoi cela me mènera, je le saurai bien assez tôt!