Le casse-tête de l’ivre «Hackulturation»

Par Aliette G.Certhoux de CriticalSecret.

gliderABSTRACT Hackulturation, hackculture, c’est à la fois la crise iconoclaste et symbolique de la culture, dont le paradigme ne serait pas la rhétorique de la métaphore mais l’alignement étendu des coexistences paradoxales. À tous les niveaux de l’expérience, de la connaissance de la technique autant que de son ignorance, c’est l’événement patalogique de l’expression décodée sans limite dans l’univers codé de l’expertise. C’est d’autre part la décomposition du miroir commun, une culture de fait, émergente et rampante ; au fil du temps la hackculture se révèle en phénomène plastique étendu, entre matière et méta concepts, entre réseaux de signes constitués par des messages, langue trans-genre des disciplines et des médias. La hack culture est pragmatique, spontanée, collective, interactive, et admet sans ambages la prédiction de la fiction interférant dans l’actualité documentaire.

C’est peut-être l’événement de la réalisation poétique du monde ; c’est peut-être, au contraire, le dépassement de la vérité symbolique attachée au texte et à l’image. Mais qui pourrait en statuer depuis le monde qui se défait ? Sinon dans une récurrence représentée de ce qui disparaît, et donc le dire ne serait qu’une reproduction de la rhétorique de la métaphore. Au contraire, à l’instar des langages de l’art conceptualisés par Nelson Goodman, la hackculture nous ferait entrer dans un monde vrai, celui du concept — abstraction arbitraire de la réalité, comme réalité générale, la hackculture la nouvelle façon de désigner le monde réel – l’ubiquité en toute mémoire et amnésie au-delà du sens ? Sur les changements du monde, A l’occasion d’une conférence au début des années 2000, à Paris, Edouard Glissant optimisait la perte des traditions en citant la nouvelle langue populaire anglo-hispanique qui s’invente et se généralise dans le sud des Etats-Unis, comme autrefois naquirent les anciennes langues créoles caraïbes. Est-ce cela encore sur le web et ce qui en résultera dans la vie ?

Par Aliette G.Certhoux de CriticalSecret, publié à l’occasion de Foire du livre OFF de Bruxelles, le 8 mars 2008. Version 1.0 (version originale).
Licence CreativeCommons BY-SA/2.0/fr

Exergue

« Si vous pensez que je produis des phrases qui répètent les mêmes objets dans une façon différente de les présenter, c’est que je simule ce qu’il advient de la pensée sur Internet : le hasard du renouvellement des idées, qui s’innovent dans le pléonasme des fragments interchangeables extraits de leurs versions déjà réalisées, c’est un protocole d’actualisation des idées. Il en va ainsi de la mémoire de l’eau. » Jacques Benveniste.

L’environnement intégré dans le WWW soit un méta-environnement : Fonds de la hackculture

La communication numérique est caractérisée par deux niveaux de syntaxe externes l’un de l’autre, sans consensus symbolique, intégrés par l’interactivité de fait : c’est d’une part le code numérique lui-même étant un langage mathématique, et c’est d’autre part ses équivalences simulant les langues du monde social et d’une façon plus large, l’apparence du monde vivant naturel et artificiel tracé par les représentations techniques (photo, imprimerie, etc).

Si l’équivalence du code tend à généraliser l’intégration de tout le dispositif simulé, cela signifie que la langue collective dite la communication numérique est à la fois technique et non technique, spécifique et non spécifique.

Structurant et déstructurant : si la communication numérique étend l’échange des savoirs, par contre elle les fragmente de façon aléatoire et arbitraire, sources et usage des sources, les délocalise et les rend intemporels, par là elle les actualise en les déconstruisant sans archéologie ni histoire. La communication numérique présente une langue hétérogène constituée par des langages de code et des représentations traditionnelles collectives, ingérant et interférant entre eux, avec des singularités organiques liées aux traducteurs numériques qui opèrent conceptuellement la société, à travers une présentation virtuelle iconoclaste de la culture. Les raisons ne sont pas symboliques mais techniques, néanmoins la hackculture interprète la perte du code symbolique des méta démocraties comme une perte de sens égale à la mise en équivalence numérique des signes (non de leurs pactes sociaux dont elle voulut pourtant être l’outil de la généralisation). Il s’agit d’un fondement paradoxal à la source même de la hackculture et ce n’est pas le seul, une hypothèse étant qu’il ne s’agit pas de doubles mais de transgenres.

Une hypothèse de la hackculture comme transgenre

Une hypothèse possible consiste dans la suivante : la hackculture, c’est la technologie de la communication numérique, elle-même. Elle comprend des objets et des activités : des activités qui donnent lieu à des objets, et/ou des objets qui donnent lieu à des activités.

Les objets sont le code de la communication numérique (mathématique) et tout ce qui le concerne ; s’ils sont dits « culture » c’est sous le régime auto organisé d’un concept du partage de l’invention et de la connaissance en commun pour la construction du code : ainsi s’est édifié peu à peu le logiciel libre (d’une abstraction de l’activité sociale dans la praxis interactive de la recherche, pour l’édification de la communication numérique universelle, elle-même).

Cet échange est fondé par une activité de recherche informée et qui informe librement ; « librement » à entendre : selon un protocole aléatoire de trouvailles et d’idées contributrices, de façon circonstancielle, extérieurement à une économie productive.

L’économie hacker est une para économie pragmatique et/ou une économie de l’excédent : un don ou un contre don (ce qui ne veut pas dire pour autant que ça ne produise pas quelque chose)… En ce sens on dit que c’est une économie gratuite : gratuitement produite, et gratuitement échangée et enfin, dont les fruits obtenus sont plus largement encore gratuitement donnés.

C’est d’autre part la capacité du code numérique de simuler les apparences de toute la culture qui a précédé la communication numérique, qu’il s’agisse de l’écriture, de l’imprimerie et des arts techniques, ou encore des arts plastiques, de la littérature, des sciences ou de la musique. Et par conséquent c’est de plus, là encore, l’ensemble des activités requises pour parvenir à copier les cultures précédentes et en transmettre la méta culture.

Paradoxes ou imbroglios de la hackculture

La hackculture se présente comme une culture hétérogène : une culture à la fois de la communication numérique et une méta-culture de la culture traditionnelle. La hackculture à l’acte transgresse l’avant-garde moderne dans le pluri-actuel (a-historique). La hackculture ritualise indéfiniment la fin des avant-gardes à l’acte de leur contraire. C’est une culture émergente du paradoxe, par réversibilité de la tradition moderne visant à l’information et à la connaissance pour tous, dans l’équivalence générale de la communication numérique qui rend toute information équivalente à toute autre, donc indifférente du sens. Ne s’y expriment abstraitement que les tendances des flux vers des signes, en statistiques de fréquentation de la bande passante.

C’est d’autre part le malentendu perpétuel entre la compétence et la performance de l’écriture technique et sa visée post-esthétique, et l’incompétence libertaire de l’usager qui pratique les langages équivalents au-delà de l’éthique de la technique. C’est dire s’il existe un opposé de la pureté du code — donnant lieu à un hermétisme technique, performé par une catégorie supérieure de développeurs experts du hardware, et leur hiérarchie de rédacteurs des codes y compris du software dans l’objectif d’atteindre l’équivalence entre l’édition numérique et la vision conséquente de ses représentations à l’écran ou imprimées. Car ces pratiques informées sont irréconciliables avec le libre usage populaire de ces logiciels software destinés à adapter les possibles exprimables sans requête des compétences particulières. A fortiori le web 2.0 a prescrit la fin des balises conceptuelles dans les sources, par la suggestion de tout le corpus des textes lisibles par les scanners des moteurs de recherche : clés passe-partout des requêtes, sans limites polysémiques liées à l’environnement des mots cherchés (contexte interne et externe de la requête). Donc le moyen premier de toute édition numérique est l’écriture dont celle du code, et sa sauvegarde sur les disques durs et leurs copies d’archives sur des disques externes.

L’activité principale de la communication numérique est la fabrication et le transfert interactif de langages écrits, qu’il s’agisse du langage numérique lui-même destiné aux machines, ou des langues qui contribuent à l’informer ou à transmettre les informations hétérogènes pour les usagers du territoire culturel commun. Le code numérique lui-même est non seulement un langage interactif entre la machine et son activité, et la personne qui l’invente et/ou l’utilise, mais de plus un code d’équivalence mathématique et technique de toute l’activité sociale et de tous ses modes et systèmes d’administration et de production, dont elle imite les apparences.

Dans la communication numérique, la simulation, le plagia, la copie, traversant tous les supports hétérogènes où elle s’installe ou se répand, les rend assimilables à ses propres ressources ; la copie et le plagia sont des composantes structurelles inséparables, organiques, liées à la singularité du code et à ses équivalents dans et par la communication numérique.

La hackculture c’est ensemble la déconstruction ahistorique de toute culture par le plagia et la copie des sources fragmentées ; elle est diffuse par la communication numérique intégrale, depuis le code mathématique jusqu’à la transmission et le partage de la capacité communicationnelle de la machine, et de son système productif. Mais de plus elle est fondée de manière non technique par le code de traduction de la société et de la culture qui met à disposition leur représentation dialectique interactive dans le public, assimilable lui-même à une donnée équivalente dans la métamorphose linéaire et arborescente de la communication numérique.

Excepté ses codes mathématiques où les signes ne sont pas interchangeables sans conséquence, en quoi leur usage et leur modification supposent l’apprentissage de l’informatique volontaire, ou éduqué, parce que la communication numérique simule toute la culture passée et la présente avec une disposition continue anachronique dans le WWW, le travail ininterrompu des langages collectifs qui la traversent opère une multiplicité de langues plastiques, subjectives, du fragment. Les fragments hétérogènes voués aux singularités occasionnelles qui les prélèvent ou les copient sont les mots d’un langage conceptuel perpétuellement renouvelable, qui constitue le monde innovant mais pour la première fois dans l’histoire de la modernité, sans exemplarité académique possible : c’est la hackculture.

La principale écriture de synthèse de et dans la communication numérique est le cut-up des fragments – sélection de fragments recomposés arbitrairement ou significativement ensemble par le zapping – dans lequel toutes les autres figures de rhétorique sont représentées à l’image de la culture traditionnelle et de la société précédentes. Et par conséquent le cut up compris de même qu’en musique techno, comme art des samples (les échantillons) du mix (le mixage des fragments rassemblés, qui modifie ou substitue la présentation contextuelle originale des samples) et du remix (renouvellement par substitution des samples et du mix, et/ou de leur mode de présentation, de leur alignement, et de leurs altérations). C’est une disposition infinie de l’invention du nouveau à partir des fragments du passé et de l’actuel, intégrant et interférant avec et dans la société vivante, et cela travaille des fictions vraies comme réalités collectives (toujours Nelson Goodman) de l’illusion du monde nu.

En quoi on peut dire que la hackculture installe une posmodernité définitive au-delà des avant-gardes. Mais en même temps en quoi elle installe une division antagonique des droits hackculturels (les codes inventés) et métaculturels (la culture plagiée).

Si l’on peut dire que les hackers ont gagné le combat pour la liberté générale de la culture, c’est dans l’édification du logiciel libre qui les intègre toutes par vocation technologique.

Entre Engels, La dialectique de la nature, et Pour comprendre les médias de McLuhan, probablement jusque dans son ouvrage posthume partagé avec Bruce R. Powers « The Global Village, Transformations in World Life and Media in the 21th Century » ouvrage restant à ce jour non traduit en français, on situe que la culture (la communication pour certains et leur technologie pour d’autres) comme troisième nature fondée par la première — la nature donnée elle-même —, la seconde étant la technique comme extension artificielle de la nature (ou pour d’autres l’environnement habité) ; la troisième ressort par conséquent comme une simulation des deux autres et produisant l’information intégrale de la nature, de la technique et de la société technologique, comme méta-culture totale, éduquée empiriquement par le processus de simulation interactif dans le web.

Cependant, la réalisation du monde commercial et légal néo-libéral, supranational et supraculturel, drainé par les flux de l’information et de la communication numériques (soit sa propre diffusion équivalente réalisée, si l’on imagine la communication numérique comme un contrepoint socio-culturel du dispositif financier de l’équivalence générale – l’argent) ; ce monde connaît l’événement d’une nouvelle forme d’exploitation de l’homme par l’homme au-delà des Lumières et de ses pactes symboliques, au termes des démocraties épuisées au delà des sociétés industrielles de la production, qui installe un dispositif virtuel et conceptuel de la propriété non matérielle des contenus, source du fonds d’archives. Ce qui instrumente une caducité du capitalisme contradictoire avec le monde du vecteur, entre le stock capitalisé et la plus grande vitesse des flux à stock 0 (Virilio), loin du monde social et de la propriété fondée par l’appropriation de la terre au temps de l’enclosure (McKenzie Wark VS Hardt & Negri). Pour le vecteur de l’information commerciale, le seul enjeu incontournable est la capacité de puissance d’allocation de la bande passante.

Conclusion : le livre et la hackculture

Fatalement, par structure de l’imitation et perpétuation de l’écriture des signes, en langages à plusieurs niveaux, et de plusieurs « genres », le référent traditionnel de l’inscription de toute la culture hacker c’est le registre et le livre – et le livre comme référence ancestrale.

Donc rien ne pourrait surprendre dans le fait qu’en 1998-99 les actes internationaux anglophones de nettime liste interactive libre fondée à la Biennale de Venise en 1997 aient donné lieu au protocole du premier livre matériel de la hackculture publié par « Autonomedia » à New York, actes requis et sélectionnés notamment par Geert Lovink, et à son initiative par McKenzie Wark. Rien ne peut surprendre davantage que le code ait donné lieu à une poésie du code, comme à des performances artistiques conceptuelles en temps réel ou différé des codes dynamiques.

Mais paradoxalement là encore, par un effet réversible de l’intégration de la culture et de tous ses modes d’existence et de production, le régime matériel du livre est prescrit par la généralisation numérique de l’édition, dans une économie vectorielle qui n’est plus celle de la production que ce soit dans les imprimeries traditionnelles ou dans les e-imprimeries.

Reste la question du papier, l’incontournable matière quelle que soit l’imprimante qui permettra de « produire » l’objet consultable non connecté. Papier naturel issu du bois tombé des forêts ou du chiffon, papier chimique, aux traitements subtils, le papier est devenu une matière précieuse et coûteuse – même le papier de matières recyclées.

Entre virtuel immatériel comme réalité de l’information, et virtuel matériel de l’objet dégradable, le livre scelle l’équilibre des contraires du probable/improbable de la hackculture à l’ère de la communication numérique, entre objet coûteux (marchandise absolue — Baudelaire, Agamben, Baudrillard — des livres matériels périssables tels les joyaux de la couronne ou Les iris de Van Gogh, comme le corps vivant de l’artiste au-delà du marketing) et virtualité gratuite impérissable sauf accident. La hackculture n’est pas une utopie, c’est l’atopie à l’acte de l’instant, métapolitique (Myriam Revault d’Allonnes), où la fin et les moyens s’intègrent de fait.

Alors quels livres en temps réel ou en différé ? (Il est possible que la citation en exergue attribuée à Benveniste, trouvée sur Internet, soit inventée par d’autres plutôt que par lui-même).

Pour aller plus loin:

1 Response

  1. Voici le dernier né numérique, j’espère qu’il vous plaira. En même temps nous informons des performances d’art vivant de Pierre Bongiovanni durant ce mois d’Avril… Tous mes voeux !
    OLA
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    La version littéraire du scénario de Pierre Bongiovanni est publiée en ligne
    dans le site magazine de Pierre Bongiovanni et de Quentin Drouet
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    for criticalsecret, by André Lozano
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    Original retranscription from Pierre Bongiovanni’s broadcasts
    and translation in English, Post cover Patchwork, by Samy Hamidou
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    Remerciements / /Thanks/: Quentin Drouet
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    Pierre Bongiovanni’s literary version is published online
    @ Pierre Bongiovanni’s and Quentin Drouet’s common webzine
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    Chapitres du podcast MAFIA / MAFIA Chapters:

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    op_2_MAFIA_Front_Cover_Couverture_Début
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    op_2_MAFIA_Videoradio_Contents_Articles
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    op_2_MAFIA_Mafiaworld_Summaries_Sommaires_Editorial
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    op_2_MAFIA_Post_Cover_Couverture_Fin
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    Bientôt / Soon -> DANS LA TROMPE DE L’ELEPHANT
    IN THE TRUNK OF THE ELEPHANT

    Publié sur Internet par criticalsecret le podcast
    dont le titre est MAFIA
    situe un événement d’auto-fiction de Pierre Bongiovanni
    dans le cadre vivant des performances et des installations
    pour la manifestation rétrospective de son oeuvre :

    >>>>> "DANS LA TROMPE DE L’ELEPHANT"

    11, 12, 13, 18, 19, 20, 25, 26 avril 2008

    à *_26 Rockbrown_*
    26 rue Rochebrune, 93100, Montreuil-sous-bois, France.
    http://www.koeurspurs.fr/

    Installations multimédia et performances de Pierre Bongiovanni et de
    quelques un(e)s de ses complices :

    Stéphane Degoutin, I-Wei Li, Camille Renarhd, Lili Marchand, Gaël Guyon,
    Yoris Van den Houtte, Didier Calléja.

    Programme, horaires, documentation, réservation (pour les massages) :
    http://www.bongiovanni.info/
    – rubrique "dans la trompe de l’éléphant" :
    http://www.bongiovanni.info/spip...

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    Published on Internet by criticalsecret the podcast MAFIA
    situates a self-fiction event by Pierre Bongiovanni
    within a live retrospective demonstration of his Works:

    " IN THE TRUNK OF THE ELEPHANT "

    taking place on April 2008 the 11, 12, 13, 18, 19, 20, 25, 26,

    @ *_26 Rockbrown_*
    26 rue Rochebrune, 93100, Montreuil-sous-bois, France. http://www.koeurspurs.fr/

    Multimedia Installation and performances by Pierre Bongiovanni
    and by some of her/his accomplices:

    Stéphane Degoutin, I-Wei Li, Camille Renarhd, Lili Marchand, Gaël Guyon,
    Yoris Van den Houtte, Didier Calléja.

    Opening hours, Schedule, Pieces of Information,
    Reservation (for the massage sessions as a part of the performance):
    http://www.bongiovanni.info/ -File: "dans la
    trompe de l’éléphant":
    http://www.bongiovanni.info/spip...

    localize on a map (google)
    maps.google.fr/maps?q=Roc…

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    http://www.criticalsecret.com
    Digital, Print, and Live events

    Free interactive as independent emergent Review
    Online since 1999

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    MAFIA – MODULE *1* <http://www.criticalsecret.com/n1...

    Je n’ai pas de nom, pas d’identité, je ne suis pas tout seul, nous sommes nombreux à habiter la même personne, la même forme, le même visage, la même voix. Nous sommes nombreux tous étrangers, tous étrangers à nous même. Etrangers les uns pour les autres. Je n’ai pas d’identité. Je n’habite nulle part, je suis chez moi partout de préférence dans les hôtels. De préférence dans les hôtels de banlieues, modestes, de préférence dans les hôtels dont les fenêtres donnent sur les terrains vagues. Je suis toujours en transit, je ne sais même pas ce que je poursuis, et ni si je suis poursuivi. Je suis un clandestin. Aucun quartier aucune ville, aucun village, aucun lieu de repli, sauf parfois de vagues salles de fête, sauf parfois de vieilles salles de cinémas, où l’on passe des films qui n’intéressent personne…

    (Silence)

    Les centres villes d’aujourd’hui commencent à être gagnés par le bruit, les odeurs, la pollution. Ce qui était autrefois réservé aux villes pauvres, des pays les plus pauvres, contaminent aujourd’hui l’ensemble de la planète. Nous sommes en exil sur notre propre Terre. Les crimes que nous avons commis ont fait de nous des voyageurs, sans destination, nous échappons à toute possibilité de réprobation, de condamnation. Nous n’existons pas. Ce qui peut apparaître comme une fuite, n’est en fait qu’une fuite devant le vide, nous fuyons le vide, mais nous sommes dans le vide et nous sommes nous-même le vide. Le pire qui pourrait nous arriver est d’être capturé parce qu’alors, la capture signifierait pour nous une injonction nouvelle, celle à rejoindre le grand cirque et à y participer contre notre gré.

    Les crimes que nous avons commis ont fait de nous des zombies. Pourtant, pourtant rien n’est plus naturel à l’espèce humaine que l’activité criminelle. Mais pourtant sous mes yeux de fuyard, ces activités criminelles se banalisent, se multiplient, se généralisent, se disqualifient elles-mêmes, tant elles relèvent aujourd’hui de l’ordinaire quotidien du plus simple citoyen du pays le plus neutre de la planète. Nous sommes une espèce galopante, en voie d’inadaptation complète au monde. D’ailleurs ce n’est plus le monde qui est en question mais notre capacité à l’oublier. On me parle parfois de ces savants choisissant l’exil et l’ermitage au plus secret de forêts profondes. Certains aussi, sans doute, doivent choisir des refuges au cœur même des accumulations urbaines. Le monde sera bientôt colonisé par des zombies.

    Je voyage dans le monde entier pour finalement trouver le repos dans des lieux ordinaires.

    Je voyage dans le monde entier.

    Je voyage dans le monde.

    Je voyage dans l’ordinaire du monde.

    /I have no name, no identity, I am not alone and we are many to live in the same body, in the same shape, in the same face, in the same voice. We are many, all foreigners –all even foreign to us. Foreigner some for the others, I have no identity. I live nowhere; I am in my home everywhere –rather in hotels. Rather in the hotels of inner city, modest hotels, rather in the hotels with view on the waste grounds. I am always in transit, I don’t even know what I pursue and nor if I am pursued. I am a clandestine. No district, no city, no village, no place to withdraw, except sometimes indeterminate festive rooms, except sometimes old cinemas, where we spend films which interests nobody.

    ( Silence )

    The current city-centre begins to be reached by the noise, the smells, the pollution. What was formerly reserved for the poor cities, of the poorest countries, contaminate the whole planet today. We are in exile on our own Earth. The crimes which we committed make us travellers, without destination, we escape any possibilities of reprobation, condemnations. We do not exist. What can appear as a leak, is in fact a leak in front of the void, we flee the void, but we are in the void and we are ourselves the void. The worst which could arrive at us is the capture because then, the capture would mean for us, a new order: that to join the big circus and to participate in it against our will. The crimes which we committed made of us zombies. Nevertheless, nothing is more natural in the human race than the criminal activity. But under my fugitive’s eyes, these criminal activities become commonplace, multiply themselves, become widespread, discredit themselves so much, they find place in the common daily of the simplest citizen of the most neutral country. We are rampant specie, in process of complete maladjustment to the world. Moreover it is not any more the world which is in question, but our capacity to forget it. Sometimes we speak to me about these learned choosing the exile and the hermitage in the most secret of the deepest forests. Some people also doubtless have to choose refuges in the heart of the urban accumulations. The world will be soon colonized by zombies.

    I travel all over the world to find finally the rest in common places.

    I travel all over the world.

    I travel in the world.

    I travel in the common of the world.

    […]

    /