« Le monde selon Monsanto » à la poubelle?

Le monde selon MonsantoAvez-vous vu le reportage « Le Monde selon Monsanto » de Marie-Monique Robin sur ARTE ce 11 février?
Avez-vous lu la critique du documentaire du site de l’AFIS («l’Association française pour l’information scientifique»)?

Elle m’a tout simplement révolté. J’approuve en général les gens qui tentent de nous éclairer sur les médias et qui nous proposent une analyse critique de l’information, mais dans ce cas, à la lecture de ce texte, j’ai tout simplement retrouvé ce que l’on peut reprocher aux lobbys de l’agro-alimentaire comme Monsanto. Autrement dit une critique, basée sur des arguments scientifiques (scientistes), visant à décrédibiliser le message d’information et de sensibilisation de Marie-Monique Robin, tout en faisant fi des nombreuses questions soulevées (qui de loin sont bien plus importantes que de savoir si c’est bon ou pas de manger des OGM).

Alors voilà, après avoir envoyé un courriel aux auteurs (car sur ce site d’information « scientifique », on ne peut malheureusement ni commenter les articles, ni réagir sur un forum adhoc), je vous livre ce que je pense de cet argumentaire de l’AFIS…

Le débat est ouvert !

[À l’AFIS:] Vous qui critiquez vivement l’aspect scientifique du « Monde selon Monsanto », votre critique serait-elle plus scientifique que ce documentaire? Permettez-moi d’en douter car il me semble que vous omettez dans votre article un grand nombre de paramètres qui sont loin d’être négligeables.
Votre démarche réductrice nie par ailleurs qu’il s’agisse d’un documentaire d’information qui a été conçu pour informer un large public et pour ouvrir un débat de société qui fait grandement défaut.
J’imagine qu’en l’état vous serez alors scandalisé d’apprendre qu’il sera cependant projeté à l’Assemblée Nationale (parlement français) ainsi qu’au Parlement européen prochainement. Moi je trouve ça bien et j’approuve.

Quant à votre argumentation… pardonnez-moi, mais je la trouve faible et non rigoureuse. Vous pourrez toujours me rétorquer que je ne suis pas scientifique de formation, j’en conviens et vous aurez raison, mais sur le fond, dites-moi ce que vous apportez de plus? Expliquez-moi aussi pour quelle raison vous adoptez un position de défense de Monsanto, car à mes yeux, vous ne faites rien d’autre. Vous exercez une attitude critique (négative) par rapport à l’auteure et vous la discréditez, mais ne formulez aucune critique à l’égard de Monsanto, de ses pratiques ou de son éthique, comme si Monsanto était victime d’un complot ou d’incompréhension à son égard. En toute objectivité cela n’aurait pourtant pas été incompatible mais vous n’avez pas choisi une démarche neutre. S’il y a des inexactitudes scientifiques, vous auriez pu tout à fait les indiquer en relevant ce qui était exacte et ce qui ne l’était pas. Mais vous ne faites pas cela, vous défendez votre vision, votre interprétation.

Vous me répondrez que c’est également ce que je suis en train de faire. Je vous répondrai simplement que je laisse une place au doute et j’exige en tant que citoyen que ma liberté soit respectée. Il ne s’agit pas de ma liberté à dire n’importe quoi, il s’agit de ma liberté à faire des choix or le monde que nous propose Monsanto (et votre interprétation par la même occasion) est un monde totalitaire, un monde de contrôle et d’appropriation. Un monde sans liberté.

Puis-je vous poser une question? Comment voyez-vous l’avenir? Votre idéal en tant que scientifique est-il vraiment d’asservir sous la chape de la « propriété intellectuelle » le vivant et la planète entière, pour des cultures pourtant à la base de notre alimentation, à quelques sociétés privées plutôt que de promouvoir et défendre une biodiversité riche?

Mais soyons clairs, malgré mes opinions, je ne tiens pas ici à défendre ou à mettre en opposition les gens pour les OGM et ceux qui sont contre les OGM. Je vous parle d’objectivité et d’honnêteté intellectuelle, qui est une qualité scientifique nécessaire il me semble. La science ne s’arrête pas à la génétique ou à la biologie moléculaire. La rigueur scientifique est de mise également lorsque l’on étudie ou que l’on parle de politique, d’économie, de la société et des gens, de droit et de la propriété. C’est visiblement ce qui fait (gravement) défaut dans votre article (car vous n’en parlez simplement pas).

Or, comment pouvez-vous écrire un tel article sans évoquer : la privatisation du vivant (le système artificiel de la propriété intellectuelle/industrielle, des brevets,…), les enjeux économiques (Monsanto est un firme à haut capital et son intérêt est en toute logique avant tout de satisfaire ses actionnaires et non d’aider l’humanité), la question du pouvoir et de l’influence démesurée de Monsanto à l’échelle du globe (à force de lobbyisme, on laisse se créer un monopole autour des OGM – Monsanto détenant plus de 90% des brevets sur les OGM – et on crée des lois dans son seul intérêt immédiat), les questions de conflits d’intérêts (entre politique et business), les problèmes de manipulations/rétention d’information et de non transparence (Monsanto a déjà été condamné pour cela et ses pratiques sont régulièrement dénoncées), sans parler des conséquences sociales (mesures d’intimidation, de surveillance, d’encouragement à la délation; de l’endettement pour les plus pauvres) et environnementales (Quelles sont les mesures de précautions mise en place? Quelle sont les connaissances des répercutions à long terme a-t-on des OGM, des hormones de croissances et d’autres produits toxiques…), de la sauvegarde de la biodiversité (qui est un patrimoine commun à l’humanité dont nous avons la responsabilité aujourd’hui), et j’en passe non des moindres… ?

Cela n’est-il pas important à vos yeux? Voyez-vous cela comme quelque chose de secondaire? Cela ne rentre pas dans les critères d’une évaluation scientifique? Ou bien vous limitez-vous à dire que la science n’a pas d’éthique et que l’éthique ne dépend que de l’usage ?
C’est ce que vous croyez? C’est ce que vous défendez?

Si vous êtes tenté de me répondre oui, je pense que vous n’avez rien compris aux réels problèmes qui se posent – qui s’imposent à nous devrait-on dire, puisqu’il n’y a pas de contrôle ou de choix démocratique possible derrière la puissance de l’argent. Parce que le problème, c’est n’est pas tant d’accepter ou pas de manger des OGM, les vrais problèmes que cela pose, ce sont bien les problèmes et conséquences que je viens de soulever, qui partent toutes d’une logique d’appropriation (de privatisation) du vivant.

Je ne suis pas scientifique, je le répète, et pourtant en lisant votre article, je me pose tout de même des questions. Peut-on être scientifique, critiquer un reportage d’information et éviter de saisir le problème dans sa globalité, tel qu’il devrait être pris, s’il était compris et pris au sérieux, ou simplement tel que le reportage de Marie-Monique Robin a tenté de le faire?

Quant à vos arguments scientifiques, même si je ne me risquerais pas à remettre en question ce que vous avancez, j’y trouve tout de même à redire…

  • « Argument n° 1 : le principe d’équivalence substantielle aurait conduit à considérer les OGM comme équivalents aux autres aliments, et donc à ne pas les évaluer »

… Et pas un mot sur les « chaises tournantes » entre Monsanto et FDA (c’est à dire entre une firme privée et un organe public de contrôle et de sécurité alimentaire). Vous n’y voyez pas là un conflit d’intérêt? Rien à redire?
Quoi que l’on puisse dire sur le « principe d’équivalence » c’est tout de même au nom de valeurs (et par des arguments) économiques et politiques qu’il est passé. Ce n’est certainement pas par un débat démocratique étayé d’arguments scientifiques indépendants que ce principe à vu le jour et pourtant, au nom d’un certain principe de précaution, d’un intérêt de santé public sur le long terme ou simplement du droit des consommateurs à être informés ou de choisir ce qu’ils mangent.
Vous nous dites que le reportage « assimile des risques théoriques à des risques avérés » par sa (mauvaise selon vous) interprétation du « principe d’équivalence », ceci dit, c’est bien en vertu de ce principe que la mention « contient x % de OGM » est interdite dans l’étiquetage des aliments aux Etat-Unis. Ne serait-ce pas là que l’on trouve une assimilation (un peu) trop hâtive? On aurait pourtant pu en trouver des arguments légitimes (et rationnels, scientifiques) pour ne pas accepter ce « principe d’équivalence » tel qu’il est.
Mais vous, vous lui trouvez une justification, explication. Cela serait presque « normal ».

  • « Argument n° 2 : le « lanceur d’alerte » Arpad Pusztai aurait été sanctionné car ses travaux montreraient la dangerosité des OGM »

Arpad Pusztai serait un agitateur… et serait-il alors plus critiquable par ses méthodes que Monsanto? Laissez-moi rire ! Depuis quand Monsanto joue-t-il la carte de la transparence ou de l’ouverture? Pourquoi Monsanto et ses études « scientifiques » sont-elles controversées, pourquoi des laboratoires (réellement) indépendants ne peuvent-ils pas avoir accès aux sources des leurs études…? Pourquoi Monsanto dépense-t-il tant d’argent dans le marketing (dans son image, sa communication, son lobbyisme) pour atteindre ses objectifs s’ils sont si louable et sans danger ? Pourquoi a-t-il déjà fait interdire des documentaires critiques au Etats-Unis?
Mais sinon quel est le poids d’un chercheur comme Pusztai à coté d’une grosse firme comme Monsanto? S’il dit des choses inexactes, pourquoi s’inquiéter, pourquoi tant de bruit pour rien? Quoiqu’il en soit, il a tout de même été licencié du « Rowett Institute » pour avoir divulgué des informations à la presse sans autorisation. Dans ce cadre je vois mal, comment il aurait pu par après obtenir l’autorisation de publier ses résultats de recherches s’ils étaient suffisamment compromettant pour qu’on le licencie? Je ne nie par que l’affaire Putsztai est controversée et qu’effectivement sa méthodologie a été critiquée sans appel par la « British Royal Society ». Une polémique à son égard est stérile si l’on s’en tient à cela.
Cela dit que sait-on de plus depuis? Toujours rien. On ne connaît toujours pas avec certitude l’impacte des OGM sur la santé et l’environnement à long terme (aucune étude d’envergure impartiale n’a été menée jusqu’à maintenant). Et concernant Pusztai, pas la peine de le disqualifier ou de le faire passer pour un scientifique d’arrière plan. Ça faisait 35 ans qu’il travaillait dans cet institut renommé et a toujours été reconnu comme étant un des scientifiques le plus réputé dans le domaine des lecitines (protéines végétales présentes dans notre alimentation). Au moment de « l’affaire » il avait publié près de 270 articles dans des revues scientifiques et 3 livres sur le sujets.
La question qui se pose alors est pourquoi avoir confié cette étude à un chercheur biochimiste, nutritionniste sans expérience ni en génétique ni en biologie sans l’inclure dans une équipe pluridisciplinaire? C’est là qu’est le vrai problème et qu’il faut chercher.

  • « Argument n° 3 : l’évaluation du soja transgénique serait insuffisante et montrerait des anomalies sur les animaux »

… Si Monsanto était plus transparent, il y aurait moins de raison d’être suspicieux… Par ailleurs, d’après ce que je sais, Monsanto choisit systématique de ne diffuser que les études dont les résultats lui sont favorables… Mais c’est logique, Monsanto n’est pas un organisme public subventionné, c’est une entreprise à but lucratif. L’oublierait-on? Dès lors pourquoi se fier à ses « études » et leurs accorder tant de crédit? Comme si Monsanto travaillait dans l’intérêt public et par philanthropie?

  • «Argument n° 4 : les échecs du coton Bt pousseraient les paysans indiens au suicide »

…Oui et alors? Pas un mot sur le rachat des firmes semancières locales par Monsanto et du fait qu’il ne met plus sur le marché que de graines OGM (bref qu’il fausse complètement la concurrence profitant d’une réglementation plus souple dans certains pays). Le fait qu’il n’y ait pas de chaîne certifiée serait un problème pour Monsanto? Moi j’y vois un flou qui doit le réjouir. Pas un mot sur les coûts engendrés par ces OGM pour les paysans que l’on a tant fait espérer et à qui on promettait des miracles… Certes les suicides sont peut-être une conséquence indirecte de la restructuration des zones de culture et de la pression qui est mise sur ces cultivateurs… mais le lien n’est pas à chercher loin.

Vous dénoncez une « mise en scène dramatique », autrement dit une manipulation de l’information. Mais à partir de quel seuil devrait-on s’inquiéter selon vous? On parle tout de même de plus de 150.000 suicides aujourd’hui.
« 112.000 d’agriculteurs indiens se sont donné la mort entre 1993 et 2003 », selon Sharad Pawar, ministre de l’agriculture indien. [Source: Manière de voir/Le Monde Diplomatique, n°94, Réveil de l’Inde – 2007]; et le gouvernement indien a également déclaré que « sur un total de 89 millions de foyers paysans en Inde, 43 millions (…) ont des dettes », d’après le sous-secrétaire d’Etat au Plan G.K. Vasan devant le Parlement indien en 2006, soit près d’un agriculteur indien sur deux [Source: SC avec AFP] Ces chiffres vous laissent de marbre?
Par ailleurs, avant les OGM, des conséquences sociales catastrophiques similaires ont déjà été observées avec des variétés à haut rendement (VHR) de riz et de maïs, sensées améliorer les productions, les récoltes et la vie des agriculteurs… Mais ça s’oublie vite dirait-on…( S.George, 1978)

L’exemple de l’Inde dans le reportage n’est pas un cas isolé particulier. C’est un effet récurrent prévisible quand certains facteurs sont réunis. C’est dégueulasse et presque indécent de minimiser les conséquences sociales comme le fait votre argumentaire. Le suicide est une conséquence extrême qui ne devrait jamais arriver. Les firmes qui inondent et prennent le contrôle d’un marché impliquant des changement sociaux et économique (par une forte augmentation du prix des semences et des coups de productions – entre autres -) ont une responsabilité. Les populations n’ont pas à être les cobayes des nouveaux produits biotechnologique comme les OGM… Ces artifices biologiques devraient être évalués et testés comme des produits chimiques ou des médicaments avant d’être mis sur le marché. Ça encore, il me semble qu’une bonne foi scientifique devrait l’accepter et non tenter d’y échapper.

Le témoignage de Vandana Shiva ne doit certainement pas vous plaire non plus j’imagine.

  • « Argument n° 5 : le maïs transgénique envahirait le Mexique et produirait des formes monstrueuses »

Ok pour le coté scientifique de la chose…Je veux bien vous croire. N’empêche, la critique me semble facile également quand vous (osez) parler ici de manipulation des paysans.
Monsanto n’est-il pas une des plus grandes entreprise qui manipule l’opinion des gens en faisant croire que les OGM sont sans danger (alors que personne ne connaît réellement les conséquences – et qu’aucune étude scientifique poussée n’a été menée sur le sujet) ?
Pouvez-vous me dire également quel est le job – par définition – des lobbyistes de Monsanto si ce n’est manipuler les classes dirigeantes à l’échelle du globe?
Alors quand on cherche à informer des modestes cultivateurs qui n’ont probablement pas pu faire des études aussi poussées que vous pour leur expliquer qu’il y a des lois internationales et des entreprises à qui on a autorisé de mettre des brevets sur des semences « améliorées », tout en leur interdisant de les utiliser sans payer des royalties (comme si cela était logique et évident de privatiser le vivant – ce que je ne trouve pas!), votre critique d’un exemple didactique me semble déplacée. Ah, il s’agissait d’un « crucifère nommée Arabidopsis thaliana ». Merci. Mais franchement qu’elle importance cela à pour faire passer ou pour faire comprendre la logique d’entreprises comme Monsanto qui, en quelques années, se permettent de dicter leurs propres règles et de remettre en question des millénaires de tradition, de sélection et culture traditionnelle tout en menaçant l’indépendance, l’autonomie… voir même l’écosystème des peuples de la terre?

Chapela « serait victime d’une campagne de diffamation »… Mais pourquoi encore protéger Monsanto lorsque l’on peut montrer clairement que Monsanto a recourt à des agences de pub spécialisées travaillant pour la défense de l’image de Monsanto peut importe l’éthique, peut importe les moyens à mettre en place? L’emploi du conditionnel ne fait que trahir votre mauvaise foi! C’est un scientifique comme vous et pourtant, comme beaucoup d’autres, il a été discrédité pour ses idées, son engagement et son éthique… et non pour ses compétences ou son manque d’objectivité.

Bref, je ne comprends tout simplement pas votre point de vue. Critiquer l’aspect scientifique pourquoi pas, cela m’aurait vraiment intéressé, mais si c’est pour simplement décrédibiliser le documentaire, faites le bien… et de manière scientifique en tenant en compte tous les éléments et pas seulement ceux qui vous arrangent où de ceux que vous maîtrisez. Prenez des risques, prenez votre responsabilité.

Vous l’aurez compris votre littérature et votre type d’argumentation ne fait que renforcer ce qui est critiqué et dénoncé dans le reportage… en évitant les vraies questions…

Que le débat continue!

Alexis J !

Notez également que Marie-Monique Robin a répondu point par point à cet argumentaire (ce pamphlet) sur son blog. Je n’en ai eu connaissance qu’après avoir rédigé cet article. Ses arguments seront sans doute plus étayés que les miens.

L’AFIS attaque (1) – La calomnie et la désinformation L’AFIS attaque (2) – Michel Kuntz [auteur de l’article que je critique] vole au secours de Monsanto (dans d’autre articles de l’AFNIS) L’AFIS attaque (3) – Le verbiage scientifique L’AFIS attaque (4) – La mauvaise foi (sur « l’argument » n°1) L’AFIS attaque (5) – La réécriture de l’histoire (sur « l’argument » n°2 et n°3) L’AFIS attaque (6) – La peur de Monsanto L’AFIS attaque (7) – Les « failles » de l’étude de Monsanto sur la composition organique du soja round ready L’AFIS attaque (8) – L’échec du coton BT en Inde et en Chine (sur « l’argument » n°4) L’AFIS attaque (9 et fin!) – Le summum de la mauvaise foi (sur « l’argument » n°5)

Toutes ces réponses de Marie-Monique Robin au texte de l’AFIS compilées sur une seule page (html et pdf) sur le site de Science citoyennes

.

Liens:

  • Combat-Monsanto — Initiative inter-associative visant à soutenir les information sur Monsanto de la journaliste Marie Monique Robin, auteur du reportage et du livre « le monde selon Monsanto ».

Articles de presse autour «Du monde selon Monsanto »:

6 Responses

  1. Concernant l’argument n°1 de l’article de l’AFIS : une étude est utilisée comme référence à cet article. Manque de chance pour nous, seul l’abstract est visible gratuitement en suivant le lien donné par l’AFIS. Et effectivement, cet abstract semble abonder dans le sens de l’AFIS. Mais qui prendra la peine d’acheter l’article complet à 15$ pour vérifier cet argument ?

    Moi, sauf que je n’ai même pas eu besoin de le faire.

    L’intégralité de cet article est en effet disponible gratuitement sur le site de l’université d’origine :
    http://technology.open.ac.uk/cts/docs/LLJMSC_SubstEquiv_%20STHV%2007.pdf
    Une lecture fort intéressante d’ailleurs : selon cet article, si effectivement le principe de « substancial equivalence » a été mis en place à l’origine comme outil d’évaluation des risques concernant les OGM (argument de l’AFIS), les USA ont biaisé ce principe pour faciliter les démarches de validation des firmes produisant des OGM (page 6, titre 3.2, je vous recommande particulièrement le dernier paragraphe de la page). Bref, admettre l’erreur de MM Robin en se fondant sur cet article, c’est également reconnaître que les USA ont biaisé ce principe dans la foulée de sa mise en place, juste pour faciliter la tâche à Monsanto et consors.

    Je soupçonne, pour ma part, une tentative de manoeuvre pour éviter trop de recherche de la part du lecteur, tout en s’octroyant l’appui d’une référence universitaire. Dommage pour eux que j’ai pu démonter cet argument à l’aide d’une simple recherche google (sur le titre de l’article, pas besoin de faire compliqué), et en m’appuyant sur leur propre référence.

    Tout de même, si c’est pas se tirer une balle dans le pied… ;)

  2. Bonjour Alexis.
    Trés bien construit votre article, axé sur la remarque pertinente d’une sorte de déni de globalité, d’évitements flagrants de questions de la part de Mr Marcel Kuntz.
    Son comportement confine à une évidence : il ne se soucie du sort des paysans de l’Inde ou du Mexique que dans le cadre d’une polémique, et quels moyens se donne-t-il pour le faire, auprés de quelles sources ? Celles qui l’arrangent visiblement, il reste dans le dilatoire, le "c’était comme cela avant", et laissons-les disparaître, oui ou non Mr Kuntz ? Pas un mot de compassion.
    Et ensuite où le trouve-t-on pour se dévouer à une noble cause, au-delà de son intérêt de chercheur attaché à sa carrière ?
    Ah, si il fait partie de l’Union Rationaliste. Cela explique sa remarque sur une émission de Mme Robin dédiée au surnaturel.
    Et là je vous livre un lien trés embarrassant pour Mr Kuntz, sur le site de l’Union Rationaliste, où un autre membre de l’association fait une analyse trés édifiante sur une autre affaire
    de brevet, dangereuse pour les laboratoires Européens, et trés profitable pour Myriad Genetics !

    http://www.union-rationaliste.or...

    Alors deux poids deux mesures, Monsanto bravo et Myriad Genetics zéro ? Soyez rationnel Mr. Kuntz : Lisez Mr. Camilleri, votre frère en pensée, sur un site que vous ne pouvez contredire.

  3. Bravo pour l’analyse.
    Juste une chose à rajouter quant au point 4 : l’Afis "oublie" aussi que le prix des sémences en Inde a été multiplié par 4 depuis que Monsanto a acheté presque tout le marché, que les paysans n’ont plus le choix (car ils ne trouvent plus de semences non OGM pour le coton); qu’on leur a menti leur disant qu’ils n’auraient pas recours aux pesticides.
    Maintenant ça n’explique peut-être pas tous les suicides, mais de là à dire que les OGM n’y sont pour rien…
    Franchement, je ne vois pas l’intérêt de l’AFIS de discrediter Le Monde selon Monsanto. C’est vraiment seulement la mentalité de "science = progrès" ?
    Tiens-nous au courant s’ils répondent.

  4. Merci pour cette excellente contre-analyse des propos de l’AFIS. Les lobbys de l’agro-alimentaire seraient-ils les maquereaux des sites scientifiques? Cela ne m’étonne vraiment pas.

  5. […] Bonne critique de l’article que j’avais vu ce qui n’est pas le cas du documentaire en question…

    [nda: fautes d’orthographe corrigées pour le mieux…]