« Le monde selon Monsanto » à la poubelle?

Avez-vous vu le reportage « Le Monde selon Monsanto » de Marie-Monique Robin sur ARTE ce 11 février?
Avez-vous lu la critique du documentaire du site de l’AFIS («l’Association française pour l’information scientifique»)?

Elle m’a tout simplement révolté. J’approuve en général les gens qui tentent de nous éclairer sur les médias et qui nous proposent une analyse critique de l’information, mais dans ce cas, à la lecture de ce texte, j’ai tout simplement retrouvé ce que l’on peut reprocher aux lobbys de l’agro-alimentaire comme Monsanto. Autrement dit une critique, basée sur des arguments scientifiques (scientistes), visant à décrédibiliser le message d’information et de sensibilisation de Marie-Monique Robin, tout en faisant fi des nombreuses questions soulevées (qui de loin sont bien plus importantes que de savoir si c’est bon ou pas de manger des OGM).

Alors voilà, après avoir envoyé un courriel aux auteurs (car sur ce site d’information « scientifique », on ne peut malheureusement ni commenter les articles, ni réagir sur un forum adhoc), je vous livre ce que je pense de cet argumentaire de l’AFIS…

Le débat est ouvert !

The Love’s Manifesto

Le 14 juin 2000, la célèbre chanteuse Courtney Love a tenu un discours détonnant sur le droit d’auteur et le droit des artistes.
De la part de beaucoup d’artistes qui se retrouvent dans le business de la musique, on aurait pu s’attendre à une attaque contre les utilisateurs du P2P, où plus généralement des personnes qui téléchargent illégalement des musiques sur internet. Que du contraire! Ici, c’est bien les majors qui sont désignées comme des voleurs pour les artistes…
Je n’ai malheureusement pas trouvé de traduction française de ce texte fabuleux, espérons que quelqu’un s’attèle à la tâche.

Le casse-tête de l’ivre «Hackulturation»

ABSTRACT Hackulturation, hackculture, c’est à la fois la crise iconoclaste et symbolique de la culture, dont le paradigme ne serait pas la rhétorique de la métaphore mais l’alignement étendu des coexistences paradoxales. À tous les niveaux de l’expérience, de la connaissance de la technique autant que de son ignorance, c’est l’événement patalogique de l’expression décodée sans limite dans l’univers codé de l’expertise. C’est d’autre part la décomposition du miroir commun, une culture de fait, émergente et rampante ; au fil du temps la hackculture se révèle en phénomène plastique étendu, entre matière et méta concepts, entre réseaux de signes constitués par des messages, langue trans-genre des disciplines et des médias. La hack culture est pragmatique, spontanée, collective, interactive, et admet sans ambages la prédiction de la fiction interférant dans l’actualité documentaire.

« Propriété intellectuelle » est un euphémisme malencontreux

Hors de contrôle

Mais la connaissance est différente de la propriété par bien d’autres aspects, au moins aussi importants. En premier lieu, elle n’est pas spontanément « exclusive ». Si vous entrez chez moi, je peux vous en faire sortir (vous exclure de ma maison). Si vous volez ma voiture, je peux la reprendre (vous exclure de ma voiture). Mais une fois que vous avez entendu ma chanson, une fois que vous avez lu mon livre, une fois que vous avez vu mon film, il n’est plus sous mon contrôle. A part avec des électrochocs à forte dose, je ne peux pas faire en sorte que nous oubliiez les phrases que vous venez de lire.

C’est cette différence qui rend le terme « propriété » si troublant dans l’expression « propriété intellectuelle ». Si tous ceux qui entrent dans ma voiture en emportaient une pièce, cela me rendrait fou. Je passerais mon temps à m’inquiéter de tout ceux qui franchissent mon seuil, je leur ferais signer toute une collection d’engagements quand ils veulent utiliser mes toilettes et ainsi de suite. C’est d’ailleurs ce qu’expérimentent tout ceux qui ont acheté un DVD et doivent subir un petit film insultant leur rabâchant « qu’ils ne voleraient pas une voiture ». C’est exactement le genre de comportement qui découle de l’usage de la propriété alors qu’il s’agit de connaissance.

Mais pourtant, il y a plein de choses valables autour de nous qui ne sont pas de l’ordre de la « propriété ». Par exemple, ma fille, qui est née le 3 février 2008. Elle n’est pas ma « propriété ». Mais elle m’importe sacrément. Si vous me l’enlevez, le crime ne sera pas un « vol ». Si vous la blessez, ce ne sera pas « violation aux biens mobiliers ». Nous avons tout un vocabulaire et un ensemble de concepts légaux pour régir les valeurs mises en jeu dès que nous parlons d’êtres humains.

Plus encore, même si elle n’est pas ma « propriété », j’ai néanmoins toute une série d’intérêts reconnus sur ma fille. Elle est « mienne » dans un sens très profond, mais elle est aussi sous la responsabilité de bien d’autres entités – les gouvernements du Royaume Uni et du Canada, la Sécurité sociale, le service de protection de l’enfance, et même toute sa famille qui peuvent tous prétendre intervenir sur les biens, la situation et l’avenir de ma fille.