Donneur de propriété intellectuelle
« In event of death, please donate all intellectual property to the public domain ». Voilà ce que l’on pourrait lire au dos de la pièce d’identité de celui qui a apposé le sticker faisant part de son souhait d’être, à sa mort, un « donneur de propriété intellectuelle ».
Entre humour et militantisme, cette idée de Evan Roth de Ni9e Factory, soulève toutefois une question bien réelle (qu’il explicite également sur sa page, en anglais). A savoir qu’à votre votre mort, toute votre création intellectuelle reste protégée pour 70 ans. Cela veut dire qu’à moins que vos ayants droit ne souhaitent encore tenter de se sucrer sur le dos de votre créativité de votre vivant (comme cela arrive pour les personnes un minimum connues), vos créations risquent bien de vous suivre dans votre cercueil… et risquent même tomber plus vite dans l’oubli que vous.
(Saviez-vous que votre arrière grand-père écrivait, lors de ses temps libres, de très jolis poèmes qui pourtant ne furent entendu que par sa tendre épouse? S’il avait été un « donne de propriété intellectuel », à sa mort, son carnet de poésie aurait pu être « libéré » et faire rêver bien d’autres personnes encore…)
Et puis même si vous étiez connu et qu’on ne vous oubliait pas, peut-être pourriez-vous vous dire qu’après tout, la vie et votre création, vous en avez profité de votre vivant… alors pourquoi ne pas en faire cadeau à qui-veut en cédant au domaine public votre création culturelle une fois votre heure venue?
Il faut oser parler de ces choses là, dit-on…
Et puis au fond, la culture, ce n’est que cela, de l’héritage, des influences et du recyclage. Certains prétendent innover, mais peut-on prétendre créer à partir de rien, sans influence aucune? Finalement, être un « donneur de propriété intellectuel », ce n’est sans doute qu’un juste retour des choses.
D’autant que votre création (artistique, littéraire ou autre) pourrait encore susciter l’intérêt de certaines personnes… si elle avait accès à vos créations. D’où cette idée d’apposer cette mention qui, en cas de mort, comme ultime volonté, céderait vos biens intellectuels au « domaine public ».
Les interprétations peuvent sans doute être multiples mais un moyen de réaliser cela est par exemple de mettre toute votre création sous une licence libre qui peut garantir que personne ne s’approprie votre création et qu’elle reste bien dans le domaine public (bien qu’une véritable licence libre peut en même temps soulever des droits voisins pour toute interprétation de vos créations, mais c’est un autre débat). Il s’agit avant tout d’un partage culturel, d’un échange.
Maintenant que vous êtes informé, n’hésitez pas à créer votre étiquette de donneur (vous pouvez trouver une version à imprimer sur le site d’Evan Roth) et à en parler à vos proches. Pourquoi pas au fond?!